
Le marché de l’assurance aux États-Unis dans un monde en mutation
Retour sur le webinaire International du 29 septembre 2025
📰 Interview croisée – Le marché de l’assurance aux États-Unis dans un monde en mutation.
À cette occasion, Aurore Livet, International Manager chez BESSÉ, a coanimé une session dédiée sur les grandes tendances du marché américain de l’assurance aux côtés de Stephen Messina, Senior Vice President chez Brown & Brown.
Voici les points clés de notre discussion.
🎙️ Stephen, quelles sont les évolutions marquantes que vous observez sur le marché US en 2025 ?
Stephen Messina : Nous observons une hausse modérée des primes dans l’ensemble, dont des baisses continues sur certaines lignes compétitives (Workers Compensation, assurance Cyber, Responsabilité des dirigeants, Pratiques de l’emploi - EPLI…).
Mais certaines lignes comme la Responsabilité Civile et les couvertures Excess/Umbrella connaissent des augmentations bien plus marquées. En RC Auto notamment, les risques sont sous forte pression, avec des hausses pouvant atteindre +8,8%. Cela a un effet direct sur les lignes Umbrella, où les capacités se réduisent (des limites de 20M$ ramenées à 10M$) et les primes augmentent en moyenne de +11,5%.
Ce phénomène est alimenté par la « social inflation » et les « nuclear verdicts », ces jugements spectaculaires qui font souvent la une des médias. Ce qu’on oublie de dire, c’est que beaucoup de ces verdicts sont revus à la baisse en appel, mais ces ajustements ne sont que rarement relayés. Malgré cela, les montants restent très élevés. En 2025, les investissements des fonds de pension dans le financement des litiges se comptent en milliards de dollars, ce qui accentue encore la pression sur les assureurs.
Plusieurs États ont amorcé l’adoption de lois visant à encadrer les dérives du système judiciaire. Toutefois, ces initiatives restent encore limitées, et en l’absence de réforme d’ampleur, le marché de l’assurance demeure prudent.

Et côté Dommages aux biens ?
S.M : Les augmentations restent modérées en moyenne (+3%), mais très variables selon la zone géographique, le secteur d’activité et les mesures de prévention en place.
Certaines zones du Sud-Est, pourtant historiquement exposées aux vents et aux ouragans, voient des baisses de taux significatives. Cela s’explique par l’arrivée de nouveaux acteurs qui apportent de la capacité, ce qui est paradoxal aux vues du niveau de risque. Si la fin de saison cyclonique reste calme, les perspectives tarifaires dans ces régions pourraient rester à la baisse.
À l’inverse, en Californie, la situation est critique. Il devient quasiment impossible pour les particuliers de s’assurer en raison du risque incendie. Pour les entreprises, cela implique de mettre en place une politique de prévention très rigoureuse et de s’appuyer sur un courtier expérimenté capable de défendre efficacement leur dossier auprès des assureurs.
Qu’en est-il des programmes globaux vs locaux ?
S.M : Les programmes globaux intégrant des polices locales dites « intégrées » offrent une couverture cohérente à l’échelle internationale, une meilleure visibilité sur les sinistres, ainsi qu’un effet de mutualisation pouvant influencer favorablement les primes. Ils permettent également d’accéder à des garanties parfois plus étendues.
À l’inverse, les programmes locaux dits « non intégrés » présentent aussi certains avantages : ils facilitent le regroupement de garanties spécifiques — comme le couple RC / RC Auto — ou ouvrent l’accès à un plus grand nombre d’assureurs, notamment sur des marchés ponctuellement plus compétitifs. Dans certains cas, il peut être judicieux de maintenir certaines garanties aux États-Unis afin de préserver le programme mondial des impacts liés aux sinistres ou aux hausses tarifaires.
La solution optimale repose souvent sur un équilibre intelligent entre les deux approches, avec une coordination étroite entre le courtier local et le courtier master. Cette collaboration permet de construire avec l’assuré la solution la plus adaptée à ses besoins du moment. Et il faut bien sûr savoir rester agile et régulièrement adapter ces schémas de couverture en fonction des évolutions et du marché de l’assurance et des transformations des opérations de nos clients.
Enfin, comment améliorer la gestion des sinistres dans ce contexte ?
S.M : La clé, c’est l’anticipation et l’accompagnement. Chez Brown & Brown, nous travaillons en étroite collaboration avec Bessé pour auditer en amont les clauses contractuelles de nos clients, identifier les zones de risque et anticiper les tendances du marché. Cette démarche préventive est essentielle, notamment pour limiter l’exposition aux sinistres en Responsabilité Civile.
Lorsqu’un sinistre survient, notre rôle est celui de facilitateur. Nous ne gérons pas directement les sinistres — cette mission revient aux assureurs ou aux administrateurs tiers (TPA) — mais nous veillons à ce que nos clients soient pleinement accompagnés. Cela passe par l’aide à la sélection des TPA, la mobilisation d’avocats référents, et bien sûr la définition d’une stratégie claire avec le client et Bessé, avec un suivi attentif tout au long du processus.
Merci à Stephen Messina pour cet éclairage précieux et à toute l’équipe clients Bessé chez Brown & Brown pour leur accompagnement.
