L’Agro au Micro avec Christoph Büren
Le podcast de Bessé qui donne la parole aux dirigeants de l’agro-industrie et de l’agriculture sur les enjeux climatiques.
🎙️🌾 L’Agro au Micro | VIVESCIA & le défi climatique | Épisode 5
Dans ce nouvel épisode du podcast consacré à la transformation climatique dans l’agriculture, nous sommes allés à la rencontre de Christoph Büren, Président de VIVESCIA, un groupe coopératif Français spécialiste des céréales situé dans la région Grand Est. Agriculteur dans la Marne et à la tête de VIVESCIA depuis 2017, il revient sur la manière dont l’agriculture doit s’adapter aux défis climatiques tout en restant compétitive.
Au programme :
• Adaptation des pratiques agricoles
• Une perception biaisée d’une agriculture française, pourtant reconnue comme modèle à l’étranger
• La nécessité d’embarquer l’ensemble de la filière dans des enjeux de décarbonation 
• Coopérative et transition : un modèle d’avenir
Découvrez le podcast
Les 12 points clés de cette interview
1. VIVESCIA : Une coopérative résiliente au service de l’agriculture du futur
VIVESCIA est une coopérative regroupant 9500 agriculteurs-coopérateurs et acteur majeur dans la valorisation de céréales, au travers de grandes filières avec ses filiales dans la meunerie, dans le malt, dans le maïs et ses partenaires clients dans l’amidonnerie, l’éthanolerie. VIVESCIA est fier de porter sa filière du champ à la cuisine avec sa marque iconique Francine . VIVESCIA est aussi présent dans le secteur de la bioraffinerie. Pilier de l’agriculture brassicole dans le quart nord-est de la France, collectant près de 25% de l’orge destinée à la bière. A l’échelle mondiale,  2000 bières par seconde sont consommées avec du malt fabriqué par sa filiales Malteurop. 
 
Le groupe coopératif VIVESCIA joue un rôle clé dans l’agriculture française, ses filières céréalières, mais aussi à l’échelle européenne, en soutenant un modèle entrepreneuriale et économique fondé sur la compétitivité et la prise en compte des enjeux climatiques.
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2. Compétitivité, territoire et climat : trois priorités indissociables
Pour lui, la compétitivité est indispensable pour assurer la pérennité du modèle agricole français. Cependant, il souligne que l’agriculture de demain ne pourra plus faire l’impasse sur le climat. C’est pourquoi, parmi ses initiatives, VIVESCIA a lancé en 2023 « Transitions », un programme ambitieux visant à réduire l’empreinte carbone et à préserver les sols et la biodiversité tout en maintenant compétitivité et la résilience.
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3. Changement climatique : un défi concret pour les agriculteurs
Le changement climatique se manifeste par des phénomènes météorologiques extrêmes : des périodes de sécheresse plus longues et des épisodes de pluie intense. Ces événements, autrefois espacés de 10 ans, se produisent désormais tous les 4 ans. Pour y faire face, VIVESCIA soutient les agriculteurs-coopérateurs à s’adapter : par exemple, l’orge de printemps est maintenant semée en automne, accompagnée de contrats d’assurance pour couvrir les risques de gel hivernal. VIVESCIA s’investit également sur les leviers agronomiques et de fertilisation visant la baisse progressive des émissions de CO2.
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4. L’agriculture face aux risques climatiques : un monde de plus en plus incertain
Les risques climatiques sont devenus une réalité tangible. Les épisodes extrêmes se multiplient et perturbent les pratiques agricoles. De plus, le secteur fait face à une combinaison de risques climatiques et géopolitiques qui alimentent la volatilité des prix des matières premières comme les engrais et les céréales. L’agriculture devient un métier de plus en plus complexe.
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5. Les défis géopolitiques : une reconfiguration des chaînes d’approvisionnement
VIVESCIA, implantée dans 14 pays, observe que la production d’orge brassicole est concentrée dans seulement quatre grandes zones : Europe, Russie/Ukraine, Australie et Canada. La montée démographique dans des pays déficitaires en production alimentaire, comme certains pays africains, entraîne une évolution des priorités. Les brasseurs se rapprochent désormais des zones de consommation, rendant nécessaires des adaptations des chaînes d’approvisionnement.
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6. La perception de l’agriculture française : un modèle d’excellence dévalorisé 
À l’international, l’agriculture française est reconnue pour la qualité de ses produits, tant au niveau sanitaire que gustatif. Toutefois, Christoph Büren regrette que cette réputation ne permette pas encore de développer une exportation plus massive de produits transformés, comme l’ont réussi les Italiens. Pour lui, la France devrait davantage capitaliser sur la transformation locale pour créer des emplois et de la richesse.
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7. La décarbonation : un enjeu à la fois environnemental et économique
La décarbonation de l’agriculture repose principalement sur une meilleure gestion des fertilisants, l’utilisation de cultures intermédiaires pour séquestrer le carbone et une gestion optimisée des rotations des cultures. Le programme « Transitions » mis en place par VIVESCIA permet de mesurer l’impact environnemental et d’aider les agriculteurs à réduire notamment leurs émissions de gaz à effet de serre. La coopérative accompagne les agriculteurs dans cette démarche, en leur fournissant les outils nécessaires et en collaborant avec de grands clients industriels comme Heineken avec notre filiale Malteurop, Tereos ou Roquette, partenaires de la première heure.
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8. Un modèle coopératif résilient pour une agriculture durable
Le modèle coopératif reste, selon Christoph Büren, la clé de la résilience de l’agriculture française face aux défis du changement climatique. Ce modèle permet de s’inscrire dans une démarche de long terme tout en restant flexible face à un monde en constante évolution. VIVESCIA continue de renforcer sa compétitivité en investissant dans les filières agricoles et en s’adaptant aux exigences environnementales.
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9. La décarbonation : un coût modeste mais nécessaire
Les industriels, qu’ils soient dans la première ou la seconde transformation, sont impliqués dans le programme Transitions initié par VIVESCIA. Pour Christoph Büren, il est important que l’ensemble de la chaîne, du producteur au consommateur, prenne en charge le coût de cette transition. Par exemple, bien que la décarbonation du blé entraîne un surcoût de 10% pour le grain, selon les secteurs d’activités et les produits, le partage de l’effort économique est variable. Cela représente une augmentation de 0,5% du prix d’un produit final, pour une baguette de pain.
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10. Le rôle de l’État : fixer des cadres clairs plutôt que des réponses court terme avec des subventions
VIVESCIA ne demande pas nécessairement des subventions, mais un appui, une impulsion financière, et surtout un cadre clair de la part de l’État pour accélérer la transition vers une agriculture décarbonée et plus résiliente. Christoph Büren souligne que des projets comme la reconstruction de Notre-Dame ont montré qu’il est possible de s’abstraire de certaines règles pour avancer plus rapidement. Un cadre réglementaire clair et flexible est essentiel pour que l’agriculture puisse continuer à se transformer efficacement.
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11. 2050 : Une agriculture compétitive et durable
Le regard vers l’avenir est confiant : selon Christoph Büren, VIVESCIA pourra rester compétitive à l’horizon 2050, notamment grâce à ses investissements en filières durables. Le Nord-Est de la France, où la coopérative est implantée, restera une région propice à l’agriculture, même face aux défis du changement climatique.
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12. Le modèle coopératif, toujours pertinent mais avec une accélération nécessaire de transformation
Le modèle coopératif a de l’avenir, construit sur le long terme à condition de s’adapter aux défis urgents du monde moderne. VIVESCIA compte accélérer sa transformation.
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Conclusion : Une agriculture tournée vers l’avenir
VIVESCIA a su intégrer les enjeux climatiques dans sa stratégie et ses initiatives tout en veillant à ce que l’agriculture reste compétitive. Le programme « Transitions » en est le reflet : une démarche innovante pour réduire les émissions de carbone, préserver la biodiversité et soutenir les agriculteurs dans leur adaptation au changement climatique. Ce modèle, soutenu par la coopérative et ses partenaires industriels, pourrait servir d’exemple pour d’autres acteurs de l’agriculture.




















